CHAPITEAU CORINTHIEN XVIIIe

CHAPITEAU CORINTHIEN XVIIIe

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// CHÊNE ET FEUILLE D’OR
// L. 54 x l. 54 x h. 38 CM

// PIÈCE UNIQUE

Floraison ancienne, ce chapiteau corinthien est un souvenir opulent, le témoin d’une époque baroque, grandiose, lointaine. Semble-t-il opposé en tout point à notre époque contemporaine que ses 300 ans tracent un lien si brillamment visible qu’il nous échappe au premier regard. Le saisissez-vous ?

Ce bois doré mœlleux et patiné s’est tracé un chemin sinueux jusque dans la création contemporaine. Appréciée de l’antique Égypte pour ses créations pharaoniques, la dorure sur bois n’est pas l’apanage d’un temps révolu. Elle évolue doucement, apprivoisant les supports jusqu’à faire rayonner les XVIIe et XVIIIe siècles : le savoir-faire des doreurs atteint alors une maîtrise éblouissante et inégalée qui ne saurait se passer d’un support sculpté à sa mesure. Le processus fastidieux de la dorure sur bois va ainsi de pair avec un haut niveau de sculpture, les deux exigeant patience et délicatesse. Car on n’apprête pas le bois aussi facilement qu’on le peint. Ce matériau organique au veinage parfois sculptural est d’abord recouvert d’un enduit capable de suivre sa respiration en fonction de la variation hygroscopique. Le doreur veut une surface aussi lisse que possible où les creux et reliefs dessinent un motif soit dans le bois soit dans l’apprêt. La feuille d’or est alors déposée à l’eau ou à la mixtion (une huile de lin siccativée). Enfin, le brunissage du bois doré manie la pierre d’agate pour révéler un brillant et une patine que l’artisan peut savamment nuancer selon l’effet recherché. Ce processus, comme toutes les techniques complexes, présente tous les attraits de la simplicité. Pourtant le XIXe et le XXe siècle prouvèrent par leurs crèmes et autres bombes à dorer que ces ersatz n’étaient que les imitations mensongères d’un savoir-faire précieux qui se mourrait.

Aujourd’hui encore les artisans doreurs qualifiés sont une rareté recherchée. Et si le doreur qui illumina ce chapiteau répondait à des critères esthétiques qui ne sont (presque) plus les nôtres, force est de constater que la dorure sur bois n’a jamais été abandonnée. L’Art Déco surtout, l’emploie avec discrétion sur des surfaces épurées, amorçant une nouvelle forme de modernité pour cette technique antique. Le bois doré n’est plus l’imitation de l’or massif mais la matérialité même de la lumière, une vibration auréolant les formes jusqu’à les faire palpiter. Entre un Memento Paradisi nimbé d’un or relevant presque du feu sacré et un Go Between annelé et nerveux, l’or n’est pas seulement la lumière, il est une émanation vivante et en mouvement. Un trait de caractère qui exalte la beauté du bois, réunissant un savoir-faire et une modernité assumée. Les citations baroques s’invitent pourtant, empruntant des chemins de traverse depuis les baldaquins romains jusqu’à une Vis sans fin de hêtre doré.

Galerie MICA envisage la création contemporaine comme la poursuite et l’expérimentation des techniques artisanales modernes et ancestrales. Ce chapiteau en bois doré est le premier objet d’un nouveau projet : illustrer les biais empruntés par les techniques et les objets pour parvenir jusqu’à nous. Expliciter ces méandres unissant le passé au présent n’est pas un caprice d’esthète. Il s’agit bien de valoriser chaque acteur de la création, de celui qui imagine à celui qui réalise. La confrontation des idées aux possibilités techniques est source d’émulation et d’innovation. À travers une sélection d’objets, Galerie MICA vous proposera désormais d’explorer ces échanges pour remettre en lumière toute la valeur de chacun de ces créateurs.

Texte par Marielle Brie

PRIX SUR DEMANDE

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